Déjà la fin... Il est 4h du matin, les prières
Déjà la fin...
Il est 4h du matin, les prières des musulmans résonnent dans toute la ville, pour moi il est temps de ranger ma valise et de rejoindre l'aéroport. J'arrive un peu tard et déjà de nombreux bengalis attendent pour pouvoir faire enregistrer leurs bagages. Comme toujours, ma blancheur ne peut pas passer inaperçue. Un homme de la compagnie vient vite me chercher au bout de la file et me fait passer devant tout le monde ! Je suis quand même gênée, mais bon, l'occasion de ne présentera plus jamais en France, allons-y ! Ils m'aide à porter mes bagages, m'installe dans la salle d'attente jute près du ventilateur, s'assure que tout va bien pour moi.... leur gentillesse va me manquer !!
C'est parti pour un long voyage... 6 heures jusqu'au Qatar puis 14 h de correspondance. Je me sens vraiment seule au milieu de tous ces gens, fini le temps ou je pouvais parler à n'importe qui dans mon petit village bengali ! Encore 7 h d'avion et me voilà en France !
Choc culturel ? En effet, on redécouvre son pays et on a un nouveau regard après de telles découvertes ! Les routes me paraissent parfaites, la circulation me semble beaucoup trop sérieuse, tout est propre et silencieux, les gens vivent leur vie et s'activent chacun de leur côté.
Je repense au jour ou je parlais de la France à un ami bengali. Je lui avais montré des photos de Paris, de Strasbourg, de ma famille et de mes amis. Il m'avait dit que toutes ces images lui semblaient irréelles, tout ça c'était comme un rêve pour lui. Tout lui semblait parfait : de beaux bâtiments, des rues impeccables, des décorations et des endroits très propres.
Maintenant je me rends compte que nous avons de l'eau potable, des rues propres, l'électricité qui fonctionne, de bons docteurs, des transports dont on peut avoir confiance, tout ce qu'il faut à manger... mais finalement nous nous plaignons trop souvent et nous ne sommes pas plus heureux qu'eux !
Retour à la vie française : fini le riz quotidien, les moments ou l'on ne comprend rien de rien à ce qu'on nous raconte, fini la mousson, les moustiques, fini les levers à 5h30... je retrouve ma famille, mes amis, du bon chocolat, du vrai pain, un grand lit ! Je ne cache pas que je suis heureuse de revenir mais les enfants et mes amis bengalis me manquent beaucoup...
J'ai l'impression qu'en seulement 2 mois j'ai découvert tant de choses : un nouveau regard sur le monde, des rencontres inoubliables, des enfants adorables, des amis que j'aimerais revoir très vite, une ouverture à la différence. On a une autre idée de la vie. Il y a aussi des moments plus difficiles, des moments ou l'on ne comprend rien à leur langue et à leur façon de faire, des moments ou l'on se sent vraiment perdu et on ne sait plus trop à quoi on sert. Néanmoins, c'est une belle leçon de vie qui nous permet de relativiser nos petits problèmes quotidiens. Si vous avez l'occasion et l'envie de partir.. n'hésitez pas un seul instant !!
Semaine du 20 aout,
Je passe mes derniers jours à Dacca. Pour de la fête de l'Aid, beaucoup de musulmans ont quitté la capitale et ont rejoint leur famille à la campagne, la ville me paraît donc moins surpeuplée. En temps normail, l'agglomération compte 14 millions d'habitants ! De nouveau je revois ces bidonvilles, cette pauvreté, ces personnes qui attendent dans la rue sans rien faire, tout ce bruit, ces enfants qui viennent sans cesse quémander, tant de misère...
Je prends le temps pour faire quelques visites dont le zoo national qui habrite le fameux tigre du Bengal, le jardin botanique et la place de l'Indépendance.
Du 13 au 19 aout,
Dernière semaine à Gulta, je ne donne plus de cours d'anglais mais j'ai davantage de temps pour jouer avec les enfants du village, pour apprendre à cuisiner bengali, pour tenter de faire un repas français avec un autre volontaire, pour pêcher et même pour traire une vache. (ceci dit, il faut être un expert pour y arriver !)
Certains amis du village me confient facilement des événements difficiles dans leur vie, un décès récent, un passé douloureux, « mon fils est très malade, il va bientôt mourir, prie pour lui », « j'ai dû me convertir puis me marier à 14 ans, j'ai eu rapidement des enfants, puis mon mari est décédé très jeune, je les ai élevé toute seule », « mes parents sont morts, maintenant je vis avec ma tante ».
Ils me parlent en bengla et essaient parfois d'y ajouter quelques mots en anglais, mais bien sûr je ne comprends pas bien... Comment répondre à toutes ces confidences si douloureuses ? Je ne peux pas dire grand chose mais finalement ils me prennent la main, ils sentent que je les regarde, que je les écoute. Je crois qu'ils faut se contenter de ça...
Parfois leur joie de vivre me semble incroyable, comment arrivent-ils à sourire et à rire malgré un parcours si difficile ? Malgré une pauvreté extrême ?
Qu'ils soient musulmans, hindous ou chrétiens ces personnes ont une dévotion extrême, la prière est intégrée à leur rythme de vie. Je crois que leur religion, c'est vraiment une de leur raison de vivre.
Il est déjà l'heure pour moi de quitter Gulta et de remercier toutes ces personnes qui m'ont accueillie. Encore une fois, j'ai le droit à un beau discours. Ils me remercient pour ma présence, pour ce que j'ai pu faire avec les enfants, pour mon ouverture... Moi j'ai l'impression de ne rien avoir fait de grandiose mais d'avoir tellement reçu d'eux !
Tout ces bons moments, ces fou-rires, ces secrets confiés, ces moments d'incompréhension aussi... nous vivions ensemble au quotidien, je dois déjà les quitter. "abar achbo Didi !! Abar achbo !" (reviens Didi! reviens!). J'aimerais revenir...nous verrons quand !!
Falvie... c'est toujours mieux que les "Falabie" ou les "Plabie" auxquels j'ai eu le droit !